L’incidence de la maladie de Crohn (MC) est stable ou en augmentation dans les pays industrialisés depuis les années 1980. Dans le Nord-Ouest de la France, nous avons enregistré une augmentation de 25 % de cette incidence entre 1988 et 1999 [1] Nous rapportons l’évolution de l’incidence entre 1988 et 2005.

Les cas incidents de MC ont été recensés en population générale depuis 1988 dans 4 départements du Nord-Ouest de la France (Nord, Pas-de-Calais, Seine-Maritime et Somme - 5 834 574 habitants au 1^er janvier 2005, 9,5 % de la population totale française). Les incidences standardisées sur le sexe et l’âge ont été calculées par périodes de 3 ans, en ne prenant en compte que les formes certaines et probables. Les variations d’incidence en fonction du temps ont été testées dans un modèle de régression de Poisson ainsi que les variations de l’âge et des localisations de la MC au moment du diagnostic et les variations du délai diagnostique.

Entre 1988 et 2005, 6 467 cas de MC (2 833 hommes, 3 634 femmes, sex-ratio (F/H) stable à 1,3) ont été recensés. L’âge au diagnostic (27 ans, intervalle interquartile 20 – 38) et le délai diagnostique médian (3 mois, 1 – 8) sont restés inchangés au cours de la période. L’incidence de la MC a globalement augmenté, de 5,3/10⁵ personne-années en 1988–1990 à 7 en 1997–1999, puis s’est stabilisée et atteint 6,4 en 2003–2005. Chez les 0 – 19 ans, cette incidence a, par contre, augmenté de façon linéaire, passant de 3,5 en 1988–1990 à 5,2 en 2003–2005. La localisation initiale iléocolique est passée de 51 % en 1988–1990 à 65 % en 2003–2005, aux dépends des formes coliques pures.

Dans le Nord-Ouest de la France, l’incidence de la MC a augmenté régulièrement chez les moins de 20 ans depuis 1988 alors qu’elle s’est stabilisée dans les autres tranches d’âge depuis 1999. Ces résultats incitent à focaliser l’étude des facteurs de risque de MC dans la population des moins de 20 ans.