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Endocrinologie et psychiatrie - 01/01/87

[37-640-A-10]
J. Picard : psychiatre, attaché consultant, Service du Dr. Peigne
Hôpital Cochin France
G. Vidal-Trecan : endocrinologue, ancien chef de clinique assistant, service du Pr. Luton
Hôpital Cochin France
L Billaud : endocrinologue, chef de clinique assistant
service du Pr. Luton, Hôpital Cochin France
Article archivé , publié initialement dans le traité EMC Psychiatrie et remplacé par un autre article plus récent: cliquez ici pour y accéder

Résumé

Endocrinologie et psychiatrie entretiennent depuis fort longtemps des relations étroites sur plusieurs plans. Les relations ont varié, ainsi que l'éclairage qui en est donné, en fonction des centres d'intérêt médicaux du moment, mais deux grands axes les sous-tendent, allant de l'une vers l'autre : de la psyché au soma ou du soma à la psyché. Historiquement, l'intérêt des endocrinologues pour le psychisme de leurs patients est le premier en date : les descriptions princeps d'Addison ou Graves incriminent à l'origine de l'endocrinopathie un " stress " qui est souvent un traumatisme psychologique, et s'étendent sur les caractéristiques psychiques de ces patients considérées comme des symptômes du dysfonctionnement hormonal. C'est ainsi que l'on trouve des thèses datant de la fin du siècle dernier et consacrées à la pathologie mentale des malades endocriniens : acromégales, hyperthyroïdiens ou hyperparathyroïdiens notamment.

Ce courant s'est poursuivi jusqu'à l'époque moderne, donnant toute une série de travaux consacrés soit aux complications psychiatriques, soit, dans une optique plus classiquement psychosomatique, à la structure psychique de ces patients.

L'autre courant est lié aux préoccupations de psychiatres cherchant un stigmate organique aux grandes maladies mentales. Cette voie, jusqu'à très récemment, s'était révélée décevante, mais malgré les aléas anciens des divers dosages de métabolites hormonaux dans les urines de schizophrènes ou de déprimés, il est remarquable que les premiers tests biologiques considérés comme cliniquement utiles en psychiatrie soient des tests endocriniens dans les dépressions endogènes. L'essor actuel de la psychiatrie biologique se fait, entre autres, grâce à des études endocriniennes parfois très poussées.

Sur le plan théorique, en effet, les points de rencontre soulèvent des problèmes passionnants. Biologiquement, l'hypothalamus, plaque tournante des régulations hormonales, est le lieu probable des dysfonctionnements provoquant, dans le domaine mental, notamment les troubles thymiques rencontrés dans les psychoses maniaco-dépressives. Les neuromédiateurs cérébraux ne sont pas en nombre infini, et ce sont donc probablement les mêmes substances qui, par des circuits différents, assurent régulations hormonales et régulation de l'humeur, et cela à partir de structures cérébrales voisines. Les données paracliniques actuelles ne sont sans doute qu'un reflet imparfait de dysrégulations beaucoup plus subtiles que ce qu'on peut en percevoir, d'où les contestations actuelles des premiers tests endocriniens dynamiques utilisés en psychiatrie.

Puis, sous un angle plus psychologique, les interrogations sont aussi nombreuses : on peut s'interroger en effet sur le sens d'une telle richesse de la symptomatologie psychique, parfois grave, chez des malades endocriniens, et sur la prédominance des accidents thymiques. On pourrait invoquer l'argument de fréquence (les troubles de l'humeur se rencontreraient bien plus souvent que les états délirants et dissociatifs), mais la survenue d'épisodes maniaques ou dépressifs graves chez des patients en hypercorticisme ou en hyperthyroïdie, et sans antécédent de ce type personnel ou familial, pose problème.

En outre, toutes les études de personnalité concernant des malades endocriniens ont mis en évidence un grand nombre de personnalités fragiles, qualifiées de dépressives ou de narcissiques. Névrosés et psychotiques sont plus rares, de même que les personnalités dites " psychosomatiques ". Les conditions de vie précédant l'éclosion de la maladie sont faites de nombreuses contraintes enfermant le patient dans un carcan. Or, ces facteurs se retrouvent à peu près identiques lorsqu'on étudie une population de patients déprimés en milieu psychiatrique. Cette parenté est troublante et l'on est tenté de mettre en parallèle et sur le même plan décompensation dépressive et endocrinopathie.

Nous avons donc tenté, dans ce chapitre intituié-globalement " Endocrinologie et psychiatrie ", d'envisager ces différents axes.

Dans un premier temps, il nous a paru nécessaire de faire un rappel de physiologie endocrinienne, indispensable à un double titre :

  • pour comprendre ce que peut être la pathologie des glandes endocrines d'abord ;
  • mais aussi, afin de saisir quelles sont les régulations étudiées par les tests dynamiques utilisés à l'heure actuelle en psychiatrie et, si d'autres tests endocriniens paraissent ultérieurement utiles aux psychiatres, de pouvoir se reporter à un substrat théorique permettant de les situer.
  • Nous abordons ensuite les chapitres concernant l'aspect psychique et les accidents psychiatriques de diverses endocrinopathies. Pour cela, nous étudierons successivement les pathologies de l'axe hypothalamo-hypophysaire, des surrénales, de la thyroïde, des parathyroïdes et des gonades, en rappelant chaque fois les principaux signes cliniques et les critères diagnostiques de la maladie en cause.

    Nous tenterons ensuite de faire le point des modifications endocriniennes dans les principales affections psychiatriques, et des explorations les plus couramment utilisées, avant de citer les principales variations hormonales induites par les traitements psychotropes usuels.

    Plan



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