Cigarettes électroniques : que vapotent les ados ? - 26/02/21
, Y. Medhioub 2, Y. Plenier 2, B. Ludot 2, R. Li Caprio 3, C. Gozalo 4, Y. Cazaubon 4, C. Feliu 4, J. Tournebize 5, Z. Djerada 4Riassunto |
Objectif |
Connaître l’utilisation de la e-cigarette chez les ados et les risques attenants.
La e-cigarette (e-cig) est devenue chez les jeunes un moyen de consommer de la nicotine et d’autres substances avec une discrétion certaine vis à vis de leur entourage, avec utilisation de certains produits pour lesquels la justice est regardante vis à vis des taux de THC résiduels. La dernière étude ESCAPAD 2017 (jeunes de 17 ans) montre une expérimentation de 38,96 % pour le cannabis et de 51,75 % pour la e-cig et le tabac de 26,32 %. L’usage quotidien de la e-cig est de 3,1 % pour les garçons et 1,7 % pour les filles. 30,6 % des utilisateurs fument également 10 cigarettes/jour, la e-cig pourrait apparaitre comme un complément d’apport en nicotine. La e-cig est expérimentée un an après la cigarette d’après l’enquête ESCAPAD de 2017. L’étude EnCLASS de 2018 indique les dernières données recueillies [1].
Méthode |
L’Étude Vapotox© : une étude épidémiologique pour identifier les toxidromes et les produits utilisés lors du vapotage. En 2018, 19 patients âgés de 15 à 20 ans ont été admis aux urgences du CHU de Reims, suite à l’utilisation d’une e-cigarette supposée contenir du Cannabidiol (CBD). Ces cas ont fait l’objet d’une communication orale au congrès international de toxicologie Flanders en mai 2019 [3, 2]. La notification en 2019 de nombreux autres cas (plus d’une centaine) en relation avec une exposition aux e-cigarettes avec e-liquide étiqueté CBD a été observée dans la région rémoise. Ce signal de santé publique en addictovigilance a intéressé l’ARS Grand-Est en juillet 2019 avec lancement d’une étude régionale auprès des urgentistes de la Marne et de la Haute-Marne, un cluster d’utilisateurs de « CBD » ayant été identifié sur la région de Reims. Un copil a été créé regroupant des urgentistes du CHU de Reims, le CAPTV Est, le CEIP-A de Nancy et aussi l’Education Nationale, l’OFDT et d’autres acteurs. L’étude Vapotox© comporte 4 volets dont un premier “volet médical”, dossier classique, ECG systématique et identification du toxidrome. Un second volet est dédié à l’addictovigilance et concerne les habitus (consommation de tabac, THC, CBD, médicaments) et le mode d’utilisation de la e-cigarette : nombre de bouffées, notion de la nature du e-liquide. La troisième partie concerne la confirmation biologique, il est réalisé enfin un examen des urines pour recherche de stupéfiants ; ceci associé à la recherche de cotinine, CBD, NPS ; avec identification en mode CG-MS couplée. En cas de disponibilité du e-liquide, celui-ci peut être analysé par le réseau Sintes. L’accord du patient est demandé et la restitution des résultats est possible en quatrième élément.
Résultats |
Nos dernières données médicales rémoises (extraction 2018-19) retrouvent plus de 101 cas passés aux Urgences avec notion d’usage de e-cig. Le nombre de puffs est souvent inférieur à 5, la quantité de produit absorbée est de fait réduite et les screenings urinaires sont souvent négatifs de ce fait. Seulement 48 cas ont pu être étudiés analytiquement dans les urines, dont 12 positifs au THC, 5 au CS (dont 4 au XRL 11) et seulement 2 au CBD et 2 à la cotinine. Les dosages sanguins sont anecdotiques du fait d’une fugacité des toxidromes ou du retard à la consultation médicale. Peu de e-liquides ont pu faire l’objet d’une analyse par Sintes du fait de leur faible disponibilité (prêts des e-cig). On relève l’existence marquée du toxidrome nicotinique chez des sujets naïfs exposés à la nicotine, l’usage de CBD fortement dosés (achetés sur le Net) et aussi de cannabinoïdes de synthèse (CS) avec syndrome de sevrage nécessitant une prise en charge spécialisée. En hors région, l’utilisation de CS est plus importante, ces cas sont documentés au CEIP Caen par Raynald Le Boisselier.
Présentation des EC et utilisation |
Il existe sur le marché français, divers types de e-cigarettes comportant batterie et réservoir pré-rempli (dosage de nicotine jusqu’à 19mg/mL) et d’autres systèmes de vaporisation avec batterie de puissance, résistance, réservoir variables. Le mélange de base est fait de propylène-glycol et de glycérine auxquels on ajoute de la nicotine, des arômes dits naturels ou du CBD ou des Cannabinoïdes de synthèse (CS), voire de l’huile de THC. Les usages recherchés sont Mouth to Lungs (« Hit » de nicotine, sensation de fumer une cigarette) ou Direct to Lungs (inhalation de la vapeur effet chicha-like). Les émanations sont plus discrètes que la cigarette, facilitant un usage caché avec possibilité d’utiliser de la nicotine ou des dérivés du cannabis. Le partage entre jeunes des e-cig est fréquent. Les prix d’une e-cigarette et de ses recharges de e-liquide sont peu onéreux versus le tabac à cigarette classique. Les achats de e-liquides se font en boutiques spécialisées mais aussi sur le Net ; avec des liquides de composition non certifiée (produit industriel). La nocivité, la dépendance et l’accoutumance sont en cours de documentation entre autres par l’ANSES. Des rappels à la loi sur la réglementation des e-cigarettes, tabac, stupéfiants notamment pour les mineurs (lois 1970, 2006 tabac, 2016 e-cig- et mineurs) ont été réalisés en milieu scolaire. Compte-tenu de l’existence de nombreux nouveaux cas avec des molécules mal identifiées, Il est prévu une extension de l’étude Vapotox aux autres régions voisines de Champagne-Ardenne. Ce dossier est suivi par les CEIP-A de Nancy, Paris et Caen de même que par le CAPTV Est et aussi l’OFDT.
Conclusion |
Les résultats provisoires montrent l’existence de nombreuses expositions à la e-cigarette chez les 15-20 ans, avec des intoxications documentées avec du CBD et aussi avec des cannabinoïdes de synthèse, de type XRL11. D’autres régions proches du Grand-Est sont impactées par d’autres molécules utilisées que le CBD. Il apparaît une méconnaissance des médecins généralistes sur un danger potentiel de mésusage et de sevrage. Une information des intervenants en milieu scolaire et des rectorats apparaît nécessaire pour une prise en charge par éventuellement les ANPAA locales et les services de pédopsychiatrie du fait d’un risque possible de dépendance à ces divers produits utilisés.
Il testo completo di questo articolo è disponibile in PDF.Mappa
Vol 33 - N° 1
P. 6 - marzo 2021 Ritorno al numeroBenvenuto su EM|consulte, il riferimento dei professionisti della salute.
L'accesso al testo integrale di questo articolo richiede un abbonamento.
Già abbonato a @@106933@@ rivista ?
