L’estime de soi correspond au regard qu’on porte sur soi. Elle est souvent mise en mal au cours de la sclérodermie.

Évaluer l’estime de soi chez les patients atteints de sclérodermie systémique et déterminer les facteurs associés.

Étude transversale incluant des patients diagnostiqués porteurs de sclérodermie selon les critères de l’ACR EULAR 2013. Les paramètres cliniques et paracliniques étaient recueillis. Nous avons évalué l’estime de soi selon l’échelle de Rosenberg. Si le score est inférieur à 25 : l’estime de soi est très faible. Entre 25 et 30, l’estime de soi est faible. Si le score est supérieur à 30, il est considéré normale.

Notre étude inclut 97 patients dont 83 femmes (85 %) et 14 hommes(15 %). L’âge moyen était de 57 ans±15. Le syndrome de Raynaud était la manifestation la plus retrouvée (90 % des malades). Les complications trophiques notées étaient à type d’ulcération (40 %), de nécrose pulpaire (14 %) et d’amputation des phalanges (6 %). L’atteinte digestive a été objectivée dans 69 % des cas ; la dysphagie était la manifestation la plus fréquente (50 %). L’atteinte pulmonaire était enregistrée dans 54 % avec une fibrose pulmonaire chez 32 % des patients alors que 21 % des patients avaient une atteinte cardiaque sous forme d’une péricardite dans la majorité des cas. L’atteinte articulaire était présente dans 82 % des cas sous forme d’arthralgie dans 86 %. La prévalence de la baisse de l’estime de soi était de 77 % (67 % parmi eux avaient une estime de soi très faible). L’analyse statistique a montré une association significative entre la faible estime de soi et l’atteinte cutanée du décolleté (18 % vs 4 % p=0,05), la nécrose pulpaire (6 % vs 0 % p=0,04), la microstomie (82 % vs 62 % p=0,05), le trouble digestif à type de pyrosis (21 % vs 5 % p=0,05) et le trouble dépressif évalué par le « hospital anxiety and depression scale » (HAD) (60 % vs 31 % p=0,02). Également, la prévalence de la fatigue était plus importante chez les patients qui ont une baisse de l’estime de soi (38 % VS 27 % p=0,3). Chez ces derniers, le HAQ était plus altéré (HAQ moyen 2,1 VS 1,9) mais sans différence significative (p=0,3).

Notre étude a permis de mettre en évidence la prévalence importante de la baisse de l’estime de soi chez les patients suivis pour une sclérodermie. Tenir compte de cet aspect lors de la prise en charge permettra d’améliorer la qualité de vie de ces patients.