Les troubles bipolaires représentent un enjeu majeur en terme de santé publique. Dans le champ des thérapeutiques pharmacologiques, le lithium conserve sa place comme chef de file des traitements thymorégulateurs, aux côtés du valproate de sodium. Depuis quelques années, certaines molécules ont élargi cet arsenal thérapeutique, avec une meilleure caractérisation des propriétés stabilisatrices de l'humeur de la lamotrigine et de certains antipsychotiques atypiques. En termes de stratégies thérapeutiques, il faut considérer d'une part le traitement de l'épisode bipolaire en période aiguë maniaque, dépressive ou mixte, et d'autre part la prévention des récurrences à long terme. Les modalités thérapeutiques actuelles tiennent compte tout à la fois des recommandations internationales, des bonnes pratiques cliniques ainsi que de l'expérience de terrain. Mais s'il convient de bien dégager des lignes psychopharmacologiques directrices, il ne faut pas perdre de vue que la prise en charge du patient bipolaire est strictement individuelle, qu'elle s'élargit aux aspects psychosociaux, environnementaux et aux comorbidités somatiques et psychiques et enfin, qu'elle se doit de prendre en compte une multiplicité de paramètres individuels tels le type de bipolarité, le terrain, les antécédents familiaux, les vulnérabilités et la résistance. Dans la pratique clinique de terrain, la monothérapie thymorégulatrice n'est pas toujours suffisante et différentes combinaisons thérapeutiques sont possibles (par exemple lithium/valproate, lithium/lamotrigine ou lithium/olanzapine). Cette prise en charge holistique ne doit pas non plus omettre l'évaluation constante du rapport bénéfice/risque des thérapeutiques instituées, des aspects iatrogéniques et particulièrement du rôle potentiellement aggravant des antidépresseurs administrés au long cours. Enfin, la nature de l'information délivrée au patient joue un rôle prépondérant dans la qualité de l'observance au long terme, déterminant majeur du pronostic.