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L’hygiène du travail : une science en péril ? - 14/10/14

Occupational hygiene: a threatened science?

Doi : 10.1016/j.admp.2014.07.015 
M. Guillemin
 Université de Lausanne, 8, Chemin de Plan-Soleil 1023 Crissier, Suisse 

Riassunto

C’est dans les années quarante du siècle passé, qu’est née la science de l’hygiène du travail aux États-Unis, sous l’impulsion d’Alice Hamilton, médecin et première femme professeur à l’Université de Harvard, très touchée par les maladies affectant les travailleurs de son époque. Elle s’est rendu compte qu’il fallait mieux comprendre ce qui provoquait ces maladies, et étudier l’environnement professionnel sous l’angle technique et scientifique. Il fallait donc faire appel aux ingénieurs, pour évaluer et mesurer les facteurs critiques de l’exposition afin de développer les moyens de les éliminer ou de les diminuer dans des proportions « acceptables ». C’est de cette approche que sont nées les premières valeurs limites admissibles au poste de travail ainsi que la notion de poussières « respirables » (appelées maintenant alvéolaires) si importantes alors dans la lutte contre la silicose, marquant le début de la collaboration médecins-ingénieurs de l’environnement professionnel.

Cette science s’est développée rapidement, principalement aux États Unis, mais aussi en Grande-Bretagne et dans l’Europe du Nord pour atteindre son apogée dans les années quatre-vingt-dix. Elle est parfaitement complémentaire de la médecine du travail du fait qu’elle vise les mêmes objectifs mais utilise l’approche de l’étude et de la gestion de l’environnement professionnel alors que le médecin se focalise sur la personne (travailleur[euse]). Mais, alors que les pronostics sur le devenir de l’hygiène du travail, étaient extrêmement favorables, un arrêt, suivi d’un déclin sont survenus d’une manière inattendue ! Pour quelles raisons ? Quelques hypothèses seront avancées, mais le plus surprenant est que cette tendance va à l’encontre des intérêts des entreprises, des travailleurs et de la société (assurances sociales) puisque toutes les connaissances acquises jusqu’ici grâce à l’hygiène du travail ont contribué à faire baisser les coûts liés à ces maladies. Les données scientifiques et économiques accumulées pour prouver la rentabilité de la prévention sont innombrables mais semblent « ignorées » des décideurs !

Les tendances actuelles dans le domaine de l’hygiène du travail, au niveau international, se traduisent dans un confinement de plus en plus marqué vers l’aspect technique et pratique au détriment de l’aspect scientifique (recherche, développement de nouvelles connaissances, formation académique, etc.). La formation des techniciens en hygiène du travail est en hausse car l’industrie (en particulier l’industrie chimique) en a fortement besoin, mais les centres de recherche se ferment les uns après les autres dans les pays « leaders ». L’hygiène du travail est une science pluridisciplinaire qui cherche à maîtriser les facteurs chimiques, physiques et biologiques de l’environnement professionnel ; en cela elle est très précieuse car il est important d’aborder la problématique de la santé au travail de manière la plus globale possible. Chacun des professionnels de la santé au travail est un généraliste dans son domaine (médecin, hygiéniste, ergonome, psychologue, etc.) et c’est la collaboration de chacun de ces généralistes qui peut aboutir à une amélioration des conditions de travail et de la santé des travailleurs. La fragmentation qui se dessine et qui aboutit à séparer l’« expologie » de l’hygiène du travail par exemple va donc à l’encontre du bon sens.

Il convient de se pencher sur les enjeux de la situation actuelle et sur les responsabilités de chacun dans le devenir de la Santé au Travail. Va-t-on laisser mourir dans l’indifférence générale, l’hygiène du travail ? Va-t-on laisser les décideurs politiques continuer à nier les évidences scientifiques et économiques ? Allons-nous, chacun, nous replier dans nos petites chapelles, mono culturelles, si confortables ? Non ! Il y a des pistes de progrès qui se dessinent. Malgré un environnement économique et politique morose, apparaissent de nouvelles approches qui méritent d’être soutenues et développées :

– l’institut national pour la santé et la sécurité au travail (NIOSH), aux États-Unis, a introduit, depuis quelques années, le concept de la « Santé Totale du Travailleur » (Total Worker Health©) qui combine l’approche de la Santé et Sécurité au Travail avec celle de la Promotion de la Santé au poste de travail ;

– l’Organisation mondiale de la santé (OMS) défend depuis plusieurs années le modèle du « poste de travail sain » (Healthy Workplace) qui intègre tous les facteurs qui participent à la « bonne santé » des personnes qui travaillent ;

– des entreprises montrent l’exemple en introduisant dans leur concept de management l’éthique et d’autres valeurs telles la responsabilité sociale ou le développement durable qui sont des réponses aux méfaits provoqués par des techniques de management uniquement basées sur les facteurs de rendement économiques ;

– les neurosciences et les découvertes sur la plasticité neuronale apportent des solutions pour gérer le stress et revenir à des comportements favorisant la santé et correspondant aux aspirations de chacun.

Il existe donc un espoir de retrouver une certaine dignité dans la pratique de la Santé au Travail, où chacun des acteurs essentiels trouve sa place et œuvre pour une meilleure santé des individus et de la société, dans le respect des valeurs humaines fondamentales.

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Mots clés : Hygiène du travail, Évolution, Santé globale


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Vol 75 - N° 5

P. 517 - novembre 2014 Ritorno al numero
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