Que le clinicien raisonne en termes de souffrance psychique individuelle, d'impact médicoéconomique ou de dimensionnement épidémiologique, les troubles psychotraumatiques représentent une nécessaire préoccupation de santé publique dans le monde, comme en témoignent tant la pratique clinique quotidienne que l'ensemble de l'immense littérature scientifique sur le sujet. Nous voyons en revanche s'opérer cette dernière décennie des phénomènes de surmédiatisation de la notion même de traumatisme psychique ou de celle de soutien psychologique, au risque d'en perdre tout ancrage et tout référentiel théorique. Cette évolution nous faisant craindre une véritable dilution de cette clinique psychotraumatique dans d'autres champs. Sans balayer négligemment les influences sociétales ou politiques, il nous semble en effet déterminant de garder face au traumatisme psychique une attitude médicale en se réappropriant une clinique dont les contours sont finalement bien définis par la psychopathologie. La confrontation à un événement traumatique - par définition violent, soudain et imprévisible - entraîne un ensemble de réactions qui, adaptatives ou non, sont susceptibles de favoriser à court, moyen et long terme l'émergence de symptômes psychopathologiques. Ces symptômes sont regroupés dans plusieurs entités cliniques en fonction de leur composition, du délai et de la durée de leur apparition ; la principale d'entre elles est représentée par l'état de stress post-traumatique. Bien défini dans sa présentation clinique, ce trouble anxieux représente une pathologie souvent marquée par une forte intensité en termes de souffrance psychique, de chronicité, de résistance thérapeutique et de comorbidité.