L’élévation persistante de la vitamine B12 plasmatique comme marqueur prédictif de cancer solide - 19/12/20
, F. Chabrun 2, C. Lacout 1, A. Ghali 1, O. Capitain 3, A. Patsouris 3, C. Lavigne 1, G. Urbanski 1Résumé |
Introduction |
L’association entre vitamine B12 plasmatique (B12) élevée et cancers solides a été démontrée par deux études sur registres [1, 2]. Lors d’une étude précédente, nous avions confirmé la persistance de cette association après ajustement sur toutes les autres causes de B12 élevée [3]. Cependant, le risque de cancer solide semble insuffisant pour justifier systématiquement des examens coûteux ou invasifs en cas de découverte fortuite de B12 élevée. Il apparait essentiel de mieux identifier les patients chez qui ces examens sont justifiés. Les études précédentes basaient leur définition de B12 élevée sur un dosage unique. Or il semble qu’une B12 élevée puisse être observée lors de désordres métaboliques aigus [3]. A l’inverse, la B12 élevée au cours de cancers solides semble liée à la masse tumorale, la capacité de réplication, ou à la réponse immunitaire anti-tumorale, et devrait persister tant que le cancer est présent. Nous émettons l’hypothèse que la persistance d’une B12 élevée inexpliquée permettrait de distinguer les patients chez qui des investigations doivent être menées pour rechercher un cancer solide. Notre objectif était d’évaluer l’incidence de cancers solides dans les 60 mois suivant des dosages de B12 chez des patients présentant une B12 élevée persistante, par rapport à des patients sans B12 élevée ou avec une B12 élevée transitoire.
Patients et méthodes |
Nous avons inclus des patients de 18 ans et plus admis au Centre Hospitalier Universitaire d’Angers entre janvier 2007 et mai 2015. Les patients devaient avoir bénéficié d’au moins 2 dosages de B12 plasmatique, espacés de 4 semaines à 4 ans. Les patients étaient inclus s’ils ne présentaient aucune cause connue de B12 élevée lors du premier dosage (cancer solide actif ou traité dans les 5 ans, hémopathie myéloïde, hépatopathie, insuffisance rénale sévère, maladie auto-immune ou inflammatoire). Les patients supplémentés en B12 étaient exclus. La B12 était considérée élevée si ≥1000ng/L. Les patients avec une B12 élevée au premier dosage étaient appariés sur l’âge et le sexe en 1 :1 à des patients présentant deux dosages normaux. Ensuite, les patients avec une B12 élevée au premier dosage étaient divisés en deux groupes selon la persistance ou non d’une B12 élevée sur le second dosage. Ainsi, nous avons définis 3 groupes selon les valeurs de B12 aux deux dosages : le groupe EE (élevée/élevée), le groupe EN (élevée/normale) et le groupe NN (normale/normale). Nous avons recueilli l’incidence des causes connues de B12 élevée, incluant les cancers solides, durant les 60 mois suivant le premier dosage. La survie était présentée par des courbes de Kaplan-Meier et comparée par le test du log-rank. L’influence des covariables sur l’occurrence de cancers solides était évaluée dans un modèle de survie à risque compétitif avec la mort comme risque compétitif.
Résultats |
Notre étude concernait 688 patients d’âge médian 79 [64–86] ans : 144 dans le groupe EE, 200 dans le groupe EN et 344 dans le groupe NN. Le délai médian entre le premier dosage et les dernières données disponibles était de 3,2 [1,5–5,2] ans. Un cancer solide incident était diagnostiqué chez 30/144 (20,8 %) des patients du groupe EE. Par rapport au groupe NN de référence, l’occurrence de cancer solide était augmenté significativement dans le groupe EE (HR 5,90 [IC95 % : 2,79–12,45], p<0,001), mais pas dans le groupe EN (p=0,29).
Conclusion |
Parmi des patients sans cause connue de B12 élevée, une élévation persistante de B12≥1000ng/L était fortement associée à un nouveau diagnostic de cancer solide, contrairement à une élévation transitoire. La confirmation à distance d’une B12 élevée permettrait d’identifier les patients chez qui une recherche active de cancer solide est justifiée.
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Vol 41 - N° S
P. A80 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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