Aim. - To assess the effects of utmost fatigue on balance control in upright quiet stance.

Method. - Eleven subjects performed a postural task before and after completing a long distance triathlon. The centre of pressure (CP) displacements was recorded through a force platform and decomposed from a biomechanical relationship into two elementary motions: the horizontal motions of the centre of gravity (CG), and the difference CP - CG. These motions were then studied through three different analysis processes.

Results. - A large increase of the oscillations is seen for both elementary motions. Interestingly, CG motions are particularly sensitive to fatigue and present an 83% increase for mean amplitudes while only a 44% increase is seen for CP - CG motions. Moreover, a large increase is observed in the mean time interval and the mean distance covered before a corrective process occurs. Finally, impairment of the muscular means brought into play and the decrease in ability to minimise body sways following utmost fatigue are discussed.

Conclusion. - Postural instability following exhausting exercise is due both to muscular activity perturbation and to an impairment of the system's capacity to control the position of the CG. This last point seems of a particular interest since it highlights a possible limit of the system to handle the controlled.

Objectifs. - Modéliser les effets d'une fatigue extrême sur la capacité du système à contrôler l'équilibre en station debout.

Méthodes. - Onze sujets ont réalisé une tâche posturale avant et après avoir réalisé un triathlon longue distance. Le centre des pressions, recueilli à l'aide d'une plateforme de force, était décomposé à partir d'une relation biomécanique en deux composantes élémentaires : le centre de gravité et la différence centre des pressions - centre de gravité. Cette dissociation nous permettait ainsi d'apprécier d'une part « l'équilibre postural net » et d'autre part l'activité musculaire mise en jeu pour maintenir cet équilibre. Trois méthodes d'analyses ont été utilisées pour analyser ces mouvements : 1. une analyse statistique des déplacements permettait de recueillir des valeurs de surface et de vitesse moyenne de déplacement de chacun des signaux ; 2. une analyse fréquentielle nous permettant de connaître la fréquence médiane d'oscillation et l'amplitude moyenne des mouvements indépendamment de leur fréquence (RMS) ; 3. la modélisation les déplacements en mouvement Brownien fractionnaire (mBf). Cette dernière étape du traitement des données nous a permis d'avoir des informations concernant la nature et le degré de contrôle des mécanismes mis en jeu pour maintenir son équilibre.

Résultats. - Les mouvements enregistrés pour les deux composantes élémentaires en condition de fatigue présentent de larges augmentations. D'une manière générale, ces résultats confirment les études menées précédemment qui avaient montré une perturbation de l'équilibre avec la fatigue. D'un point de vue plus spécifique, la présente étude montre que le centre de gravité est particulièrement sensible à la fatigue extrême contrairement à ce qui avait été constaté après d'autres types de sollicitations musculaires (Caron, 2003). On note en effet une augmentation des RMS calculées pour le CG de 83 % contre seulement 44 % pour le centre des pressions - centre de gravité. De plus, une très nette augmentation des intervalles de temps moyens (112 % dans la direction médiolatérale) et des distances moyennes parcourues (jusqu'à 633 % dans la direction médiolatérale) avant correction est observée. Les intervalles de temps traduisant le temps moyen nécessaire au système avant que sa réponse ne soit mise en oeuvre, ce résultat semble indiquer une perturbation et/ou une moins bonne utilisation des informations afférentes après un effort extrême.

Conclusion. - Les instabilités posturales enregistrées en condition de fatigue extrême sont dues à la fois à une perturbation de l'activité musculaire, mais également à une incapacité du système nerveux central de contrôler la position du centre de gravité. Ce dernier point semble particulièrement intéressant puisqu'il met en exergue une possible limite du système dans le contrôle de cette variable classiquement considérée comme étant celle prioritairement contrôlée.