Les bactéries du genre Acinetobacter, longtemps méconnues en raison de leur faible pouvoir pathogène et de leur taxonomie changeante, sont devenues aujourd'hui de vraies stars médiatiques redoutées des services de réanimation. Cependant, à côté de son rôle dans les infections nosocomiales, Acinetobacter baumannii est également responsable d'infections communautaires dans certaines zones géographiques de climat tropical. L'identification pastorienne de cette bactérie reste difficile en raison de la grande variété d'espèces appartenant à ce genre et de la difficulté de trouver des marqueurs phénotypiques. Elle offre cependant la possibilité de cibler les espèces impliquées en pathologie humaine, à savoir celles que l'on regroupe sous le nom de A. baumannii complex (A. baumannii, A. calcoaceticus, A. nosocomialis et A. pittii) en raison des difficultés à les différencier phénotypiquement. Aujourd'hui, la biologie moléculaire comme la spectrométrie de masse met à notre disposition des outils permettant de mieux répondre aux demandes d'identification et/ou d'investigation épidémiologique. La pression de sélection des antibiotiques associée aux procédures invasives de la réanimation sont les facteurs principaux d'émergence de ces bactéries comme agents d'infections nosocomiales chez les patients fragilisés. Les capacités d'adaptation d'Acinetobacter s'applique à son comportement en milieu hospitalier qui est souvent décrit comme son habitat propre, mais qui représente plus exactement son habitat secondaire. Son habitat primaire reste encore très discuté. Sa résistance aux antibiotiques et sa persistance dans l'environnement en font des responsables incontestés de bouffées épidémiques hospitalières que seules des mesures strictes d'hygiène permettent de maîtriser.