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Glyphosate : un peu de science dans un monde de polémiques - 26/02/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2020.10.049 
F. Saint-Marcoux
 Service de pharmacologie, toxicologie et pharmacovigilance, CHU, Limoges, France 

Résumé

Objectif

Le glyphosate est le parfait exemple des polémiques au cœur desquelles les connaissances objectives, scientifiques, sont très souvent ignorées ou déformées, à dessein ou non, pour faussement rassurer ou faussement alarmer. Deux thèmes se confondent souvent :

– le glyphosate est-il présent dans et dangereux pour l’environnement et la biodiversité ? ;

– le glyphosate est-il dangereux pour l’Homme ?

En ce qui concerne les dangers pour l’Homme, il est facile de clarifier les débats en se posant deux questions simples et liées l’une à l’autre : Sommes-nous toutes et tous exposés au glyphosate ? Si exposition il y a, existe-t-il un risque sanitaire ?

Méthodes

Une étude systématique de la littérature a été réalisée après une recherche Pubmed® avec pour mots clés « glyphosate, risk, exposure ». Elle avait pour but de répondre aux questions suivantes : Que savons-nous de la présence du glyphosate dans les milieux aquatiques, les eaux souterraines et les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) ou bien encore dans notre alimentation ? Que rapportent les enquêtes de surveillance visant à mesurer les concentrations urinaires en glyphosate dans différentes populations ? Existe-t-il des seuils de toxicité permettant d’affirmer qu’un sujet est exposé à des risques sanitaires ? Quelles sont les connaissances actuelles sur le potentiel caractère cancérogène du glyphosate chez l’Homme ?

Résultats

Les travaux de l’ANSES, notamment, permettent d’estimer que le glyphosate et l’AMPA (son métabolite) étaient présents dans environ 50 à 75 % des échantillons d’eaux de surface analysés en 2017, en France métropolitaine. Mais, en aucun cas la concentration ne dépassait la NQE (Norme de Qualité Environnementale) et la PNEC (Predicted No Concentration Effect). On peut également estimer que 0,2 à 0,5 % des échantillons d’EDCH étaient contaminés, sans dépasser les normes toxicologiques de référence. Les données de biosurveillance sont très limitées. Ainsi, Il existe seulement une douzaine d’études ayant rapportées des concentrations en glyphosate dans des matrices biologiques en population générale. Elle rassemble les données de moins de 4000 sujets. Elles permettent d’estimer que la concentration urinaire reste généralement inférieure à 4μg/L chez les personnes non directement exposées. Au CHU de Limoges, nous avons décelé du glyphosate dans 24 % des échantillons urinaires d’un panel de 500 individus analysé en 2019/2020 (dosage LC-MS/MS ; LDD=0.05ng/ml). En ce qui concerne les risques sanitaires :

– la génotoxicité du glyphosate a été démontrée in vitro et in vivo, y compris chez l’homme ;

– l’association entre exposition au glyphosate et risque de cancer, en particulier les lymphomes non Hodgkiens, n’est pas clairement démontrée ;

– aucune relation n’a été établie entre concentration urinaire et risque de toxicité.

Conclusion

En 2020, la science permet d’affirmer :

– il existe une contamination importante de l’environnement par le glyphosate ;

– pour autant, tous les sujets de la population générale n’ont pas du glyphosate dans leurs urines ;

– si le principe de précaution s’impose, les liens entre exposition au glyphosate, présence dans les matrices biologiques et risques sanitaires, notamment les risques de cancer, ne sont pas démontrés.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 33 - N° 1

P. 21 - mars 2021 Retour au numéro
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