Chapitre 23Le GPAO
Problème de santé publique

J.-P. Renard, E. Sellem, T. Bour, M.-C. Lalanne

Points clés

  • Des actions d’information et de détection du glaucome sont régulièrement conduites en France et dans le monde.

  • Elles sont indispensables lorsqu’on considère la prévalence du GPAO et celle de la cécité dont elle est trop souvent responsable.

  • Pourtant, un rapport d’orientation rédigé en 2006 par la Haute Autorité de Santé, en France, n’avait pas retenu la nécessité d’une détection systématique dans la population générale.

  • Les nouvelles données épidémiologiques, le vieillissement de la population et la diminution des effectifs de la corporation des ophtalmologistes imposent d’aborder cette réflexion sous un éclairage différent.

  • De nouvelles modalités de détection et de prise en charge du GPAO pour pallier ces besoins sont désormais envisageables.

Le GPAO est incontestablement un problème de santé publique. Il affecte en effet plusieurs centaines de milliers de personnes en France et plusieurs dizaines de millions dans le monde, il est potentiellement cécitant et trop fréquemment diagnostiqué à un stade évolué. En revanche, la question d’une détection systématique dans la population générale mérite d’être posée et, en 2006 pour la France, la Haute Autorité de Santé (HAS) n’avait pas retenu sa nécessité. Cependant, de nombreux efforts visant à informer et à sensibiliser le grand public sont régulièrement faits par les sociétés savantes, des associations de patients ou l’industrie pharmaceutique, parfois par les médias à l’occasion de congrès ou du développement de techniques thérapeutiques innovantes. Même si l’on admet que chaque sujet de plus de 40 ans reçoive cette information et comprenne qu’un contrôle tous les deux ou trois ans chez le spécialiste est une nécessité pour sa santé visuelle, la démographie déclinante des ophtalmologistes français se heurte arithmétiquement à la détection de la maladie chez le plus grand nombre et à la nécessité de contrôles suffisamment fréquents lorsque le glaucome est diagnostiqué. L’élargissement de certaines compétences aux orthoptistes, sous la direction de l’ophtalmologiste, peut laisser espérer une amélioration du dépistage du glaucome pour l’ensemble de la population française, voire du suivi de la maladie déclarée,

Au terme de cet ouvrage, un certain nombre de nouvelles données et de dispositions réglementaires permettent d’aborder cette réflexion sous un éclairage différent.

GPAO et santé publique

Le GPAO représente la première cause de cécité réelle en France, si l’on considère que la dégénérescence maculaire liée à l’âge épargne le champ visuel périphérique. La lutte contre l’affection et contre le handicap qu’elle peut entraîner génère un coût important pour la collectivité. Les responsables de la santé publique doivent donc évaluer l’intérêt d’un dépistage généralisé, alors que l’analyse des différentes formes cliniques souligne l’importance d’une détection précoce des patients atteints de GPAO, notamment celle des « progresseurs rapides ».

Beaucoup trop de cas ne sont pas diagnostiqués, peut-être la moitié ou plus. La taille des différents effectifs (patients avec hyperpression intra-oculaire traités et non traités, glaucomateux avérés connus, glaucomateux non dépistés, patients aveugles par glaucome, etc.) est toutefois impossible à connaître avec précision, et seules des projections peuvent être faites.

 Sur le plan mondial

En 2006, Quigley et Broman [9] avaient estimé qu’il y aurait 60,5 millions de personnes atteintes de glaucome (à angle ouvert ou fermé) en 2010 dans le monde, ce chiffre s’élevant à 79,6 millions en 2020 – dont 74 % avec un glaucome à angle ouvert. Le nombre de patients souffrant d’une cécité bilatérale par glaucome avait été évalué à 4,5 millions de personnes pour le glaucome à angle ouvert en 2010, et à 5,9 millions en 2020 (avec pour le glaucome à angle fermé des estimations respectives de 3,9 et 5,3 millions).

Ces chiffres concernent l’ensemble des pays. En 2013, une étude rétrospective conduite en Suède chez 492 patients suivis et traités rapporte des taux de cécité unilatérale de 26,5 % et 38 % respectivement après 10 et 20 ans d’évolution ; environ un patient glaucomateux sur six présentait une cécité bilatérale lors de son ultime consultation chez l’ophtalmologiste (incidence retenue de 5,5 % à 10 ans et de 13,5 % à 20 ans d’évolution) [7]. Les mêmes auteurs ont évalué les facteurs de risque de cécité en reprenant les dossiers de patients décédés entre 2006 et 2010 : le risque augmente avec le niveau de PIO et le stade évolué du glaucome au moment du diagnostic, ainsi qu’avec l’âge avancé lors du décès [8].

 Décisions et actions
Au niveau international

La World Glaucoma Association (WGA), en dehors de ses réunions internationales bisannuelles (Paris en 2011, Vancouver en 2013, Hong-Kong en 2015) et de ses conférences de consensus, a initié en 2008 le World Glaucoma Day, devenu ensuite la World Glaucoma Week depuis 2011 (fig. 23-1). Au cours de cette semaine, les différentes sociétés nationales de glaucome sont invitées à conduire des actions d’information et/ou de détection de la maladie dans leur pays respectif (www.worldglaucoma.org).

À l’échelon européen, l’European Glaucoma Society (EGS), en étroite relation avec la WGA et les sociétés nationales européennes de glaucome (dont la Société française du glaucome), regroupe les travaux de recherche et publie tous les quatre à six ans un ouvrage actualisé de recommandations destinées aux ophtalmologistes pour une prise en charge adaptée et actualisée du glaucome (EGS Guidelines, téléchargeable pour les personnels de santé sur le site www.eugs.org).

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Fig. 23-1 Logo de la WGA annonçant la World Glaucoma Week en 2014.

En france

Le Comité de lutte contre le glaucome (CLG), créé en 1980 par Raymond Étienne, reconnu d’utilité publique en 1985, devenu aussi progressivement la Société française du glaucome (SFG), indique dans ses statuts – entre autres – son but d’« information du grand public » et d’entreprise « de toute action pour favoriser la lutte contre le glaucome ».

Le site de la SFG (www.leglaucome.fr) est, au-delà des professionnels de santé, destiné aux patients et à leurs proches ; il est régulièrement réactualisé et reçoit chaque jour plusieurs centaines de visiteurs.

La SFG a établi des partenariats avec la Société française d’ophtalmologie (SFO) et avec l’industrie pharmaceutique pour des campagnes ponctuelles d’informations et parfois de dépistage. Nous pouvons ainsi rappeler qu’avec la SFO ont eu lieu à plusieurs reprises, au cours de son congrès annuel, des journées « portes ouvertes » d’informations du grand public ; avec les laboratoires Pfizer, des annonces ont été faites au sein des médias ; par ailleurs, avec les laboratoires Alcon, plusieurs années durant, un camion d’information et de dépistage a sillonné les principales villes de France. L’édition de fiches didactiques destinés aux patients (« Qu’est-ce que le glaucome ? », « Comment instiller un collyre ? », etc.) a été suivie de larges diffusions. Il convient aussi de souligner l’implication de plus en plus forte de nombreux médecins ou de services hospitaliers créant des sites Internet spécifiques destinés à l’information de leurs patients, et dont la conception a pu être encore aidée dans certains cas par l’industrie pharmaceutique (Docvadis® des laboratoires MSD en est un exemple).

Campagne de l’UNADEV

Actuellement, l’Union nationale des aveugles et déficients visuels (UNADEV) poursuit une campagne d’information et de détection du glaucome avec un camion itinérant, débutée en 2011, à travers les principales villes de France. La SFG et le service d’ophtalmologie de Bordeaux du professeur Joseph Colin avaient été associés à la réflexion des moyens à mettre en œuvre pour optimiser cette détection. Ils avaient confirmé naturellement l’absence d’un test messianique qui distinguerait de façon certaine les patients glaucomateux de ceux qui ne le sont pas. Après un interrogatoire recherchant les facteurs de risque individuels et familiaux, ils avaient recommandé la mesure de la PIO par un tonomètre à air associée à la mesure de l’épaisseur de la cornée centrale, la prise et l’analyse d’une rétinophotographie et, pour les patients suspects, la réalisation d’une périmétrie de dépistage type FDT. C’est ainsi qu’a donc été équipée une structure itinérante, avec deux orthoptistes sur place accueillant les patients, les informant et réalisant les examens (fig. 23-2). Les rétinophotographies sont adressées à un ophtalmologiste expérimenté pour interprétation. Les patients suspects (PIO ≥ 21 mmHg ; plus d’une erreur dans un des hémi-champs au FDT ; au moins une anomalie suspecte sur la papille : C/D vertical ≥ 0,65, différence de C/D vertical entre les deux yeux ≥ 0,2, C/D vertical > C/D horizontal, présence d’une hémorragie papillaire) sont prévenus, et il leur est conseillé de consulter un ophtalmologiste afin que soit confirmé ou infirmé un éventuel diagnostic de glaucome. En 2013, ce « Bus du glaucome » a reçu environ 8 000 personnes, pour un pourcentage de patients jugés suspects d’environ 12 % (ce chiffre variant significativement en fonction des villes, de 7 % à Paris à 16,6 % à Brest).

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Fig. 23-2 Le « Bus du glaucome » pour la campagne de l’UNADEV (ici à Nantes). De nombreux posters informatifs sont affichés aux parois de la salle d’attente. L’orthoptiste réalise les examens de détection du glaucome. (Clichés : T. Fourteau et UNADEV.)

Rapport de la HAS de 2006

« En l’état actuel des connaissances et des pratiques médicales françaises, l’évaluation de la pertinence de la mise en œuvre d’un programme national de dépistage systématique du glaucome n’a pas lieu d’être. »

Cette phrase inaugurait la conclusion d’un rapport d’orientation rédigé en 2006 par la HAS (www.has-sante.fr) et s’appuyait sur un certain nombre de données épidémiologiques, de résultats de méta-analyses et de considérations cliniques. En résumé, pourquoi dépister le glaucome alors qu’il n’existe pas de test diagnostique spécifique et unique de la maladie à un stade précoce, qu’une HTO ne se convertira que rarement en glaucome, que celui-ci peut survenir en l’absence d’HTO, que le traitement du glaucome avéré – coûteux – n’est peut-être pas très efficace, tout en exposant le patient à des risques iatrogènes ? La lecture d’un tel rapport pourrait être démobilisatrice, voire démoralisante, alors qu’il indique aussi que le glaucome serait responsable en France de 10 à 15 % des cas de cécité et/ou de basse vision, et que 400 000 sujets ayant un glaucome n’auraient pas été identifiés comme tels ! Cependant, une étude aussi importante et significative que l’Ocular Hypertension Treatment Study (OHTS), démontrant qu’à cinq ans le risque de conversion vers le glaucome baisse de 9 à 4 % lorsqu’une HTO est traitée, y est à peine évoquée et n’est pas directement mentionnée dans le référencement. Enfin, comment ne pas prendre en compte les nombreuses et très rigoureuses études prospectives des dernières décennies indiquant toutes que la baisse de la PIO diminue significativement l’évolution du glaucome avéré, quel qu’en soit le stade ?

La situation en France en 2014

L’analyse des différentes formes cliniques souligne l’importance d’une détection précoce des patients atteints de GPAO, notamment ceux catégorisés en tant que « progresseurs rapides ». La progression de la neuropathie est en effet variable en fonction de différents facteurs qu’il est important de déterminer et de prendre en charge pour un meilleur contrôle de la pathologie.

La nécessité d’un dépistage systématique a longuement été évoquée. Plusieurs enquêtes et campagnes de sensibilisation réalisées ces dernières années et développées précédemment ont largement montré leur intérêt. Si le dernier rapport de la HAS en 2006 n’a pas retenu la nécessité de l’instauration d’un dépistage systématique avec un protocole officialisé au sein de la population, une nouvelle réflexion doit cependant être menée à la lumière des nouvelles informations.

 Données actuelles

Nous avons vu que la récente méta-analyse publiée en 2013 et rassemblant l’ensemble des études épidémiologiques réalisées depuis 1950 permet de considérer une prévalence de l’ordre de 2,6 % au sein de la population [5]. La détection précoce du GPAO et la prise en charge qui s’ensuit sont donc importantes pour prévenir toute altération de la fonction visuelle ; de nombreuses données doivent être considérées afin de déterminer si un type particulier de dépistage est utile en tenant compte de la prévalence spécifique en fonction de l’âge et de la sévérité des formes cliniques non détectées.

La dernière étude épidémiologique réalisée chez près de 33 000 sujets – effectif le plus important de Caucasiens ayant fait l’objet d’un dépistage du GPAO – dans le cadre de l’étude EMGT au sein d’une population âgée de 55 à 79 ans, apporte plusieurs éléments de réponse :

  • le taux de dépistage est similaire à celui rapporté dans d’autres pays occidentaux où des études de population de plus faibles effectifs ont été réalisées ;

  • le nombre de sujets atteints de GPAO dans une population de même âge est le double de celui du nombre de sujets suivis et traités pour l’affection avec une prévalence globale de l’ordre de 2,5 % ;

  • la prévalence augmente avec l’âge avec cinq fois plus de cas dans les tranches 75-79 ans par rapport à la tranche d’âge 55-59 ans.

Au vu de ces nouvelles données :

  • en retenant une prévalence globale de l’ordre de 2,5 % de la population, le nombre de sujets atteints de GPAO en France peut être estimée à 1 646 000 dont 50 % ne sont pas diagnostiqués pour une population totale de 65 821 000 au 1er janvier 2014 (données INSEE) ;

  • par ailleurs, l’HTO concerne 3 à 8 % des sujets âgés de plus de 40 ans soit en France entre 1 et 2,8 millions de personnes (33 610 000 sujets de plus de 40 ans pour une population totale de 65 821 000 habitants).

Si en France les sujets âgés de plus de 40 ans représentent 51 % de la population actuelle, ceux de plus de 60 ans 24,2 %, ceux de plus de 65 ans 19 % et ceux de plus de 75 ans 9,8 %, avec une prévalence du GPAO multipliée par cinq dans cette dernière tranche d’âge, on comprendra aisément qu’une estimation d’un tiers des sujets âgés de plus de 65 ans en 2020 laisse envisager un nombre important de patients atteints de GPAO.

 Faut-il envisager un dépistage systématique ?

La réalisation d’un dépistage systématique au sein de la population a fait l’objet de nombreux débats comme nous l’avons vu, mais il reste controversé par les modalités du protocole nécessaire qui serait efficace ainsi que par son coût.

L’étude de dépistage réalisée sur le plus important effectif de sujets caucasiens rapporte deux autres informations importantes dans ce domaine :

  • si la prévalence du GPAO augmente avec l’âge, chez tous les sujets où le diagnostic a été posé il s’agit de glaucomes débutants dans la plus grande majorité des cas au sein de la population âgée de moins de 60 ans ;

  • au-delà de 60 ans, un tiers (33 %) des glaucomes diagnostiqués correspond à des formes évoluées dans au moins un œil, qui sont des formes graves de GPAO difficiles à contrôler associées dans 3,4 % des cas à une cécité unilatérale.

Ainsi on constate :

  • une augmentation de la prévalence du GPAO avec l’âge ;

  • une augmentation de la prévalence du glaucome non détecté avec l’âge ;

  • une prévalence des formes graves au-delà de 60 ans qui n’augmente pas et reste à 33 %.

Ces données sont d’une importance capitale pour une décision de santé publique visant à déterminer l’intérêt d’un dépistage du GPAO au sein de la population.

Il paraît ainsi raisonnable d’envisager ce dépistage chez les sujets à partir de l’âge de 40 ans au cours du contrôle ophtalmologique réalisé dans le cadre du bilan classique et notamment à l’entrée dans la presbytie, même si le délai de consultation varie de quelques semaines, voire de quelques mois, sans constituer dans ce cas précis une pénalisation.

Un dépistage plus systématique et régulier pourrait être envisagé au sein de la population à partir de l’âge de 60 ans en raison de la fréquence des formes graves diagnostiquées à partir de cette tranche d’âge.

Un tel schéma peut donner l’espoir raisonné d’un meilleur contrôle de la détection du GPAO dès sa forme précoce. Il sera alors vite complété par le suivi des différentes modalités de prise en charge développées dans cet ouvrage.

Il reste maintenant à préciser dans la mesure du possible la meilleure adéquation entre sa réalisation et les différents moyens actuellement à notre disposition ou à développer dans le futur au sein du système de santé français.

D’aujourd’hui à demain
 Deux situations bien connues actuellement
La pénurie d’ophtalmologistes

La diminution des effectifs en ophtalmologistes n’est plus aux prévisions les plus sombres [6] d’il y a quelques années qui prévoyaient une baisse de 30 à 40 % vers 2025, grâce à la filiarisation de la spécialité à l’examen classant national (ECN), à l’arrivée de confrères étrangers et au recul du départ en retraite avec le cumul emploi-retraite qui se développe. Cependant, suivant les scénarios, une diminution de l’ordre de 7 à 14 % en 2020 et de 12 à 23 % en 2025 (projections de la commission démographique du Syndicat national des ophtalmologistes de France, 2014) est envisagée. Ainsi, de 5 849 ophtalmologistes en 2013 pour la France métropolitaine [10], notre corporation passerait à un effectif compris entre 4 500 et 5 100.

L’augmentation du nombre de consultations

L’augmentation des besoins de santé pour le contrôle de la fonction visuelle au sein de la population est liée à plusieurs facteurs :

  • l’accroissement de la population (avec pour 2030 une estimation de 70 000 000 d’habitants) ;

  • l’élévation de la moyenne d’âge avec un vieillissement de la population française ;

  • l’évolution des technologies qui entraîne un plus grand nombre de diagnostics posés, donc une majoration des suivis avec plus de précisions dans les stades cliniques grâce à un plus grand nombre d’examens complémentaires.

 Une solution possible : développer le travail en délégation avec les paramédicaux
Les orthoptistes

L’évolution de cette conception de « travail aidé » ou de « travail en coopération » a été soutenue successivement par les différents rapports du doyen Berland, de l’ONDPS (Observatoire national de la démographie des professions de santé), de la HAS, par l’enquête du SNOF « Ophtalmos 2020 » en 2002, par le rapport du professeur Henry Hamard à l’Académie de médecine [3] et par l’expérimentation numéro 4 (Rottier/Fillon) en 2006 « Collaboration ophtalmologiste/orthoptiste en cabinet de ville » [2].

Ils ont permis des évolutions législatives réglementaires. Le Code de santé publique reconnaît [loi 2006-1640 du 21 décembre 2006 (article L.4342-1 alinéa 2)] la notion d’assistant ophtalmologiste.

Champ de compétences des orthoptistes

Ainsi, par décret, les orthoptistes assistants ophtalmologistes sont actuellement habilités (décret n° 2007-1671 du 27 novembre 2007) :

  • à participer aux actions de dépistage organisées sous la responsabilité d’un médecin (article R.4342-4) ;

  • sur prescription médicale, à effectuer les actes professionnels suivants : 1. périmétrie ; 2. campimétrie ; 3. étude de la sensibilité au contraste et de la vision nocturne ; 4. exploration du sens chromatique ; 5. rétinographie non mydriatique. L’interprétation des résultats reste de la compétence du médecin prescripteur (article R.4342-5) ;

  • sous la responsabilité d’un médecin en mesure d’en contrôler l’exécution et d’intervenir immédiatement, à participer aux enregistrements effectués à l’occasion des explorations fonctionnelles suivantes : 1. rétinographie mydriatique ; 2. électrophysiologie oculaire (article R.4342-6) ;

  • sur prescription médicale et sous la responsabilité d’un médecin ophtalmologiste en mesure d’en contrôler l’exécution et d’intervenir immédiatement, les orthoptistes sont habilités à réaliser les actes suivants : 1. pachymétrie sans contact ; 2. tonométrie non contact ; 3. tomographie par cohérence optique (OCT) (article R.4342-8).

Les orthoptistes sont donc habilités à réaliser la plupart des examens nécessaires au dépistage et au suivi des glaucomateux sous réserve, suivant les cas, de l’existence d’une ordonnance médicale et/ou de la présence d’un médecin pouvant surveiller l’acte. L’interprétation des examens reste de la compétence du médecin prescripteur.

Dès 2015, le nouveau programme d’enseignement des orthoptistes sera mis en application, conformément à la décision de faire rentrer les professions paramédicales dans le cadre LMD (licence-master-doctorat), permettant ainsi d’accroître leur compétence dans l’exécution de ces tâches.

La loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoire) du 21/07/2009 a instauré (article 51) les protocoles de coopération dérogatoires : « Les professionnels de santé peuvent s’engager, à leur initiative, dans une démarche de coopération, sous la forme de protocoles, ayant pour objet d’opérer entre eux des transferts d’activités ou d’actes de soins ou de réorganiser leur mode d’interventions auprès du patient. » L’article 35 de la loi de financement de la Sécurité sociale 2014 permet le financement de ces protocoles pour une durée de trois ans, renouvelable une fois, après passage devant un collège de financeurs.

Aucun protocole de ce type concernant le glaucome n’existe à ce jour.

En 2014 (source SNOF), on estime à 20 % la proportion d’ophtalmologistes pratiquant ce « travail en coopération » avec les orthoptistes dont l’effectif en 2025 serait d’environ 5 800 (2 275 en 2001).

Délégations à d’autres personnels ?
Ce qui n’est pas envisageable

Les secrétaires ne sont pas des personnels de santé et il n’est pas réglementaire de leur demander des actes médicaux.

Les opticiens ont obtenu la reconnaissance de la pratique de la réfraction seulement (décret 2007-553 du 13/04/2007) et tout autre acte constitue un exercice illégal de la médecine (arrêt de la Cour de cassation du 11/01/2012)

Les optométristes n’ont pas obtenu en France, à ce jour, une reconnaissance de leur spécialité.

Ce qui pourrait être envisagé

Les infirmiers : dès 2002 un décret leur reconnaissait la pratique de nombreuses fonctions s’appliquant à l’ophtalmologie. La dernière version de ce décret précise les actes qui relèvent de leur rôle propre, sans prescription médicale, sans présence d’un médecin, même sans un protocole (décret 2008-877 du 29/08/08 article R.4311-5 alinéas 19-29-30-37-38-40) :

19. Recueil des observations de toute nature susceptibles de concourir à la connaissance de l’état de santé de la personne et appréciation des principaux paramètres servant à sa surveillance […].

29. Irrigation de l’œil et instillation de collyres.

30. Participation à la réalisation des tests à la sueur et recueil des sécrétions lacrymales.

37. Participation à la réalisation d’explorations fonctionnelles, à l’exception de celles mentionnées à l’article R.4311-10, et pratique d’examens non vulnérants de dépistage de troubles sensoriels.

38. Participation à la procédure de désinfection et de stérilisation des dispositifs médicaux réutilisables.

40. Entretien d’accueil privilégiant l’écoute de la personne avec orientation si nécessaire.

Ainsi le cadre juridique français les désigne comme pouvant être les assistants complémentaires des ophtalmologistes. Il reste pour cela à renforcer leur connaissance et leur pratique en ophtalmologie afin de les rendre parfaitement opérationnels Cela pourrait faire, à l’avenir, l’objet de programmes de développement professionnel continu (DPC).

 Quels schémas possibles pour le dépistage du glaucome demain ?
Dépistage isolé

Il doit être :

  • efficace, c’est-à-dire qu’il doit permettre d’augmenter le nombre de cas diagnostiqués précocement par rapport à la prise en charge habituelle, et d’améliorer ainsi le pronostic ;

  • acceptable par une population sensibilisée à son intérêt ;

  • d’un coût inférieur au coût de la maladie découverte et suivie sans dépistage.

L’expérience française est sur ce point décevante avec deux campagnes de dépistage de ce type actuellement en cours : celle du cancer du sein et celle du cancer du côlon qui entraînent respectivement 53 et 32 % d’adhésion seulement.

Rappelons que la HAS en 2006 n’a pas retenu la nécessité d’un dépistage systématique du GPAO avec un protocole officialisé considérant qu’il n’existe pas de test diagnostique spécifique et unique du glaucome à un stade précoce, et la nécessité d’utiliser une association de plusieurs tests alourdissant la stratégie de cette démarche.

Ces différentes données conduisent à mettre en doute la possibilité d’un dépistage isolé du glaucome compte tenu de l’évolution chronique de la maladie, de son ressenti très tardif et de l’absence de pronostic vital qui ne facilitent pas une adhésion massive de la population. Cependant, ces notions n’impactent pas l’intérêt des campagnes ponctuelles de dépistage du glaucome qui permettent de sensibiliser le public et d’atteindre des populations peu suivies.

Dépistage couplé avec celui d’autres pathologies (DMLA, rétinopathie diabétique)

L’expérience née du dépistage par rétinophotographies de la rétinopathie diabétique a montré qu’un certain nombre d’autres pathologies peuvent ainsi être détectées par ce seul examen (réalisé par l’orthoptiste et interprété par l’ophtalmologiste).

En 2014, le dépistage de la rétinopathie diabétique par rétinographies réalisées par des orthoptistes est lancé officiellement. Un des clichés doit être centré sur la papille. Nous savons, d’après certaines campagnes, que près de la moitié des patients réadressés à un ophtalmologiste le sont pour des anomalies constatées sur les clichés et sans rapport avec la rétinopathie diabétique [4].

On peut ainsi imaginer un dépistage couplé glaucome-rétinopathie diabétique-DMLA fondé sur une mesure de la pression intra-oculaire (PIO), la prise de rétinophotographies, voire la réalisation d’une OCT au cours de la même séance. Son positionnement et ses modalités restent à préciser.

Dépistage couplé avec le suivi ophtalmologique classique

Il s’agit de la pratique actuelle fondée, lors d’une consultation pour lunettes ou un autre motif, sur la mesure de la PIO avec la pachymétrie, l’examen biomicroscopique du segment antérieur et du fond d’œil, ainsi que le recueil des facteurs de risque qui vont conduire en fonction des résultats à l’exécution d’examens complémentaires pour poser le diagnostic.

Ce couplage est pertinent car la prévalence du glaucome augmente après 45 ans (âge d’apparition de la presbytie) et on peut ainsi espérer suivre régulièrement la grande majorité de la population sans créer de nouvelle contrainte tout en dépistant la population atteinte « au fil de l’eau ». Cela justifie grandement l’obligation d’une ordonnance médicale pour obtenir le remboursement des lunettes, avec une validité limitée à juste titre à trois ans dans un but prouvé de santé publique. Grâce à la mobilisation de notre profession (SNOF, COUF, Académie d’ophtalmologie) fin 2013, le projet de loi consommation de B. Hamon, autorisant le rallongement du délai de renouvellement des corrections optiques à cinq ans, et qui rendait caduque la notion de dépistage régulier fondé sur la prescription des lunettes par les ophtalmologistes, a pu être stoppé. L’opposition de notre profession et l’incohérence de ce projet de loi en termes de santé publique, au moment où la stratégie nationale de santé met en avant la prévention, nous ont permis d’obtenir le soutien du ministère de la Santé.

Cependant, ce schéma actuel dont on sait qu’il est déjà insuffisant, laissant trop de glaucomes non dépistés, risque d’être mis à mal par les deux situations évoquées précédemment (diminution des ophtalmologistes et accroissement de l’activité avec le vieillissement de la population).

Cela nous conduit à rappeler la solution possible consistant à étendre le travail aidé à la grande majorité des ophtalmologistes et de leur adjoindre un assistant. L’Académie française d’ophtalmologie, conseil national professionnel de notre spécialité, dans son rapport de 2011 [1], affiche l’objectif ambitieux d’atteindre en 2025, pour 80 % des ophtalmologistes, un travail en délégation de tâches au sein de leur activité (dépistage diagnostic et suivi des patients glaucomateux). L’orthoptiste peut ainsi pratiquer l’interrogatoire, la réfraction (si nécessaire), la mesure de la PIO au tonomètre à air, la pachymétrie, la rétinophotographie, le champ visuel, voire l’OCT. L’interprétation corrélée à l’examen clinique revient à l’ophtalmologiste qui prend la décision diagnostique et thérapeutique.

Ce schéma idyllique pose le problème économique qui doit envisager la prise en charge par un forfait du travail effectué par le collaborateur paramédical, ou un système à points inspiré de la ROSP (rémunération sur objectif de santé publique).

L’avenir : une autonomie sous contrôle des orthoptistes ?

Nous avons vu qu’il y avait, depuis 2009, un cadre dérogatoire pour les protocoles de coopération médecins-paramédicaux. On peut penser que ce cadre va durer encore un certain nombre d’années. Un dispositif financier complémentaire vient d’être ajouté avec la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) de 2014. L’objectif de ces protocoles est d’effectuer des expérimentations régionales avant la diffusion nationale en cas d’efficacité. Ce n’est qu’après cette phase nationale, et si ces protocoles s’avèrent toujours positifs en termes de prise en charge des patients et sans surcoûts excessifs, que les actes dérogatoires pourront être incorporés aux décrets d’exercice des professions paramédicales. On peut imaginer aussi des protocoles portant sur le glaucome dans le cadre de ces articles L.4011-1 à 4011-3 du Code de la santé publique (CSP), d’autant que la télémédecine bénéficie aussi d’un cadre législatif, réglementaire et financier renforcé par l’article 36 de la LFSS de 2014. Ils pourraient porter sur le dépistage, mais aussi le suivi du GPAO.

Dès demain, le dépistage peut se concevoir dans le cadre des protocoles de renouvellement de lunettes validés par la HAS avec prise de la PIO et de rétinographies. D’autres verront peut-être le jour ces prochaines années ou évolueront.

Pour le suivi, les glaucomes constituent des entités complexes, à évolution variable suivant les patients, et il n’est pas envisageable de transférer les patients atteints en autonomie vers les orthoptistes et de les laisser sans contrôle médical. Il faut conserver une même qualité de prise en charge et les orthoptistes devront officier sous l’entière responsabilité des ophtalmologistes, même si c’est à distance ou en décalage temporel. L’interprétation des données recueillies par les orthoptistes relève évidemment de la responsabilité des ophtalmologistes. Il peut donc y avoir un transfert de la pratique des actes, mais pas de la responsabilité des décisions diagnostiques et thérapeutiques. L’ophtalmologiste interviendrait en télé-expertise suivant la définition donnée par l’article R.6316-1 du CSP.

Avec l’amélioration des traitements médicaux, de nombreux patients sont stabilisés ou évoluent peu, et il semblerait possible d’espacer leur suivi personnel par un ophtalmologiste en confiant le suivi intermédiaire à un orthoptiste. Il est évident que le diagnostic de GPAO et la mise en route du traitement relèvent de l’ophtalmologiste. C’est à lui de proposer un schéma de surveillance annuel au patient qui sera individualisé et en accord avec les recommandations des sociétés savantes. Dans le cadre d’un protocole de suivi du GPAO, c’est l’ophtalmologiste qui doit prendre la responsabilité d’inclure ou non le patient dans un tel protocole de suivi, après une phase de suivi traditionnel. Des contrôles intermédiaires devraient pouvoir être décidés par l’ophtalmologiste, en fonction de l’évolution de la maladie, et au cas par cas en fonction de l’analyse des données prises par les orthoptistes.

Le rythme des examens, champ visuel ou OCT, serait fixé au cas par cas par l’ophtalmologiste selon la gravité et le contrôle du glaucome. Lors des visites programmées, l’orthoptiste réaliserait au minimum une tonométrie automatique, une rétinographie ± une réfraction si nécessaire (les glaucomateux ont des besoins de changement de lunettes comme les autres) et un interrogatoire sur la tolérance du traitement et son observance. Le médecin interpréterait sous huit à dix jours le champ visuel et la rétinographie/OCT et déciderait alors soit de revoir son patient plus tôt que prévu, soit de poursuivre le schéma de surveillance préétabli. L’ophtalmologiste verrait le patient au minimum une fois par an, plus s’il le juge nécessaire ou en fonction d’une modification importante du champ visuel, des données de l’examen des nerfs optiques ou du niveau de la PIO mesurée par l’orthoptiste. Le patient doit bien sûr être volontaire pour être inclus dans un protocole et pouvoir demander un suivi classique s’il le désire ; il faut donc un climat de confiance entre le patient d’une part et l’ophtalmologiste avec son équipe d’autre part. Le patient doit être assuré du suivi à distance de son dossier par l’ophtalmologiste. Un modèle économique est à élaborer pour la facturation dérogatoire de l’activité de l’orthoptiste.

Tout cela nécessite une formation adaptée de l’orthoptiste, à la fois théorique (par exemple sous forme de programme de DPC ou de diplôme universitaire) et pratique par un stage au sein d’un service hospitalier ou d’un cabinet médical qui assure le suivi de nombreux glaucomateux. C’est pourquoi cela semble plus facile à imaginer pour des orthoptistes travaillant depuis un temps conséquent au sein d’une consultation d’ophtalmologie en travail aidé et avec une pratique solide des examens complémentaires. Cette formation doit aussi comprendre une partie consacrée à l’ophtalmologie générale. La validation de ces protocoles par la HAS, après avis des instances de la profession réunies au sein de l’AFO (CNP), est impérative. Malgré ce formalisme, plusieurs centaines de milliers de glaucomateux pourraient bénéficier à terme de ce suivi alternatif. Il nous semble cependant que la démarche doit être progressive, en validant chaque étape pour éviter les pertes de chance et les blocages inutiles.

Une autosurveillance des patients ?

Il serait bien entendu utile que les patients puissent contrôler eux-mêmes leur PIO, comme peuvent le faire ceux atteints d’HTA, ce qui nécessiterait des dispositifs d’un coût acceptable, faciles d’utilisation et sans effets secondaires notables. Ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui (lentilles avec microprocesseurs, tonomètre à vibration), mais avec les progrès des techniques, cette perspective est envisageable. Dans l’exemple de l’HTA, l’autosurveillance montre qu’elle vient plutôt en complément du suivi médical traditionnel et permet de l’améliorer, mais pas vraiment d’alléger, la prise en charge.

Conclusion

Le dépistage et le suivi du glaucome vont très certainement devoir évoluer dans leurs modalités, comme pour le reste de la prise en charge ophtalmologique. Les orthoptistes prendront une plus grande part au dépistage et au suivi des malades, parfois en autonomie relative, mais les décisions diagnostiques et thérapeutiques devront rester l’apanage des ophtalmologistes, lesquels contrôleront l’ensemble du processus. Les besoins en personnels paramédicaux augmentent vite et il apparaît aujourd’hui que les orthoptistes ne pourront pas tout faire et seront sans doute insuffisants en nombre. Il faut garder à l’esprit que les infirmiers et infirmières ont de larges compétences réglementaires pour seconder les médecins, y compris en ophtalmologie. Il est impératif que tous ces personnels paramédicaux reçoivent une formation adéquate pour assurer la qualité de la prise en charge des patients et éviter les pertes de chance. La collaboration ophtalmologiste-personnel paramédical doit, plus que jamais, être particulièrement étroite.

Retenir

  • En 2020, près de 80 millions de personnes seront affectées par le glaucome dans le monde, dont les trois quarts par un glaucome à angle ouvert. Plus de 15 % d’entre elles présenteront une cécité bilatérale d’origine glaucomateuse au terme de leur vie.

  • De nombreuses sociétés savantes nationales et internationales (SFG, SFO, EGS, WGA, etc.) conduisent régulièrement des actions de sensibilisation auprès du grand public, seules ou avec l’aide d’associations de patients ou de l’industrie pharmaceutique.

  • La question d’une détection systématique de l’affection dans la population générale reste posée.

  • Le dépistage couplé avec celui d’autres pathologies en est encore aux premiers stades des essais.

  • Le dépistage couplé avec le suivi ophtalmologique classique reste de nos jours le plus pertinent, car la prévalence du glaucome augmente après 45 ans. Il permet d’espérer suivre régulièrement la grande majorité de la population sans créer de nouvelle contrainte tout en dépistant la population atteinte.

  • En raison de la diminution du nombre d’ophtalmologistes et de l’augmentation des besoins de santé pour le contrôle de la fonction visuelle, l’avenir se dessine vers un dépistage et une prise en charge en collaboration avec les orthoptistes, éventuellement associés à un suivi alternatif dont les modalités doivent encore être précisées.

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