Mises en situation
L. Desbordes, M. Gauthier, M. Véronat, I . Travade, F. Lafleur, P. Mercier, G. Guillot
Développée depuis le début des années 2000 par les instructeurs de locomotion et les orthoptistes du Centre de rééducation pour personnes malvoyantes (CRPM) à Paris [1], l’évaluation du champ visuel au sol a progressivement été utilisée par de nombreux instructeurs de locomotion en France.
D’après l’Association des instructeurs de locomotion pour personnes déficientes visuelles (AILDV) [2], la prise en charge en locomotion est une éducation ou une rééducation qui s’adresse à toutes les personnes atteintes d’une déficience visuelle, éprouvant une gêne dans les déplacements. Cette prise en charge individualisée tient compte des besoins de la personne, quels que soient son âge, sa malvoyance, etc. L’objectif est de permettre à la personne déficiente visuelle de pouvoir se déplacer de façon autonome avec aisance et sécurité, qu’elle soit accompagnée ou non, de jour comme de nuit. Pour améliorer les bénéfices de la prise en charge, il est important que la personne puisse visualiser et comprendre comment fonctionne sa vision fonctionnelle.
À ce jour, les champs visuels habituellement pratiqués tels que le Goldmann ou le champ visuel automatisé sont informatifs pour les professionnels, mais ne sont pas assez compréhensibles pour la personne déficiente visuelle. Par exemple, le champ visuel de Goldmann est effectué à 33 cm, ce qui n’est pas représentatif pour une tâche de déplacement. L’évaluation du champ visuel au sol a donc pour objectifs :
de tracer au sol les zones vues et non vues par la personne afin qu’elle puisse se faire une représentation plus concrète de son champ visuel fonctionnel pour une tache de déplacement;
la prise de conscience des répercussions sur la sécurité de ses déplacements;
d’être un support de communication avec la personne (et son entourage);
de permettre des meilleures compréhension et adhésion aux objectifs de rééducation proposés par les professionnels.
Cette évaluation est réalisée chez les personnes présentant une réduction périphérique sévère de leur champ visuel, par exemple dans le cas d’une rétinite pigmentaire.
L’évaluation du champ visuel se déroule dans une pièce avec un éclairage modulable. Sur le sol de couleur sombre et non brillant, une zone rectangulaire de 3 × 7 mètres doit être disponible. De la même manière, sur le plan frontal, une zone verticale sombre allant du sol au plafond et de 3 mètres de large est installée.
On dispose :
d’un point de fixation : carré blanc mat de 10 cm de large, sur lequel est centré un point noir;
d’une trentaine de stimuli : carrés blancs mats de 10 cm de large.
La personne déficiente visuelle est debout, immobile, devant la zone de réalisation du champ visuel. Dans un premier temps, elle maintient le regard sur le point de fixation situé à 1 mètre au sol devant elle. L’orthoptiste s’assure du maintien de la fixation tout au long de l’évaluation.
L’instructeur de locomotion approche alors les stimuli en partant des zones non vues par la personne jusqu’au point de fixation à 1 mètre. Dès que la personne détecte le stimulus, elle l’indique, et le stimulus est posé au sol. L’opération est renouvelée sur toutes les trajectoires cardinales, puis sur chaque diagonale, autant de fois que nécessaire. En reliant l’ensemble des points détectés, on obtient alors le tracé de la zone vue par la personne lorsqu’elle porte son regard à 1 mètre au sol (Fig. 7-1). Ce résultat est mesuré et reporté sur une feuille de relevé (Fig. 7-2).
La personne détache son regard du point de fixation et découvre cette zone. L’orthoptiste et l’instructeur de locomotion la guident dans la compréhension, l’appropriation et l’interprétation de ce résultat.
Dans un deuxième temps, le point de fixation est placé à 5 mètres au sol. Avec le même procédé, la zone vue par la personne à 5 mètres au sol est tracée, puis relevée et reportée (voir Fig. 7-2).
Dans un troisième temps, le point de fixation est placé à 5 mètres, sur un support vertical, à la hauteur des yeux de la personne. En utilisant le même procédé, la zone vue est tracée devant elle à 5 mètres, puis relevée et reportée. Par exemple, dans le cas d’une personne atteinte de rétinite pigmentaire, on peut obtenir la feuille de relevé de la Fig. 7-2. Nous pouvons observer le résultat en vue de dessus, puis de profil et enfin de face afin d’appréhender l’espace en trois dimensions. La zone bleue est celle que la personne perçoit en fixant à 1 mètre, la verte à 5 mètres au sol, la rouge à 5 mètres devant.
Fig. 7-1 Résultat d’une évaluation du champ visuel au sol à 1 mètre.
Une analyse globale de l’évaluation est faite avec la personne à partir des résultats qu’elle a pu observer lors de l’évaluation. Cela permet ainsi de l’aider à se représenter son champ visuel fonctionnel et de discuter des axes de travail de prise en charge en orthoptie et en locomotion. L’orthoptiste commente les résultats en faisant le lien avec le champ visuel de Goldmann et la largeur d’un champ visuel normal. L’interprétation des résultats par l’instructeur de locomotion est effectuée en fondant les explications données au patient sur ce qui est indiqué à la Fig. 7-3. Elle doit être imaginée dans les trois dimensions.
Ces zones sont matérialisées au sol :
la zone de sécurité est celle qui doit pouvoir être explorée visuellement de manière exhaustive, car c’est l’espace dans lequel la personne malvoyante doit pouvoir détecter les obstacles, afin d’adapter sa trajectoire de déplacement. La largeur de 1,50 mètre lui permet de marcher sur un trottoir, tout en croisant une personne de chaque côté;
la zone d’anticipation peut être explorée, mais cette exploration visuelle n’est pas indispensable à la sécurité de la personne. Son exploration amène en revanche beaucoup plus de confort dans le déplacement : plus de fluidité, facilitation de la prise de repères et de l’orientation, etc.
L’orthoptiste et l’instructeur de locomotion introduisent alors leurs explications et commentaires. Le patient va pouvoir s’exprimer. C’est un dialogue entre trois personnes qui concerne :
les stratégies visuelles : la personne explore visuellement la zone de sécurité par un balayage approprié selon le résultat de l’évaluation. Si ce balayage n’est pas suffisant pour la sécurité et le confort de la personne, le point suivant est abordé;
l’apport de l’utilisation de l’aide technique : l’utilisation d’une canne blanche permet de pallier les informations qui n’auraient pas été perçues visuellement dans la zone de sécurité, en touchant les obstacles non vus. La canne blanche permet alors d’assurer une sécurité totale en complément du balayage visuel. Son utilisation permet également à la personne de prendre confiance en elle, et de progressivement développer son exploration de la zone d’anticipation afin d’apporter beaucoup plus de fluidité dans le déplacement.
L’interprétation des résultats concrets de l’évaluation du champ visuel au sol avec la personne permet de visualiser en taille réelle ces explications personnalisées, à propos des stratégies visuelles et de l’utilisation des aides techniques.
Fig. 7-2 Feuille de relevé de l’évaluation du champ visuel au sol.
Fig. 7-3 Schéma permettant d’interpréter les résultats de l’évaluation du champ visuel au sol.
Au cours des années, chaque instructeur de locomotion qui a souhaité utiliser cette évaluation a pu se l’approprier, la mettre en place auprès des patients rencontrés en coordination avec un orthoptiste. Cette évaluation a d’ailleurs été transformée afin d’être adaptée à tous les publics : enfants, adolescents, adultes, avec ou sans troubles associés. Parallèlement, cette technique s’est diversifiée en fonction des moyens techniques de chaque équipe.
Cette évaluation spécifique et innovante est bel et bien un nouvel outil permettant à la personne malvoyante de visualiser sur une échelle à taille réelle son champ visuel fonctionnel et de prendre conscience des limites de sa façon de voir. Quant aux rééducateurs, il leur sera plus facile d’apporter et d’argumenter les compensations comportementales ainsi que les techniques proposées (stratégies visuelles, techniques de canne, etc.) tout en reliant les résultats avec des situations écologiques, qu’il s’agisse des déplacements ou de l’organisation sur un espace de travail.
[1] Ronzel P, Dazat M, Lavergne S, Guillot G Développement des stratégies visuelles de balayage en locomotion Paris: APAM Formation (2001).
[2] www.aildv.fr.
Geruschat D, Smith A La locomotion Foundations of orientation and mobility. 3rd Ed New York: American Foundation for the Blind (2010). 63-83.
C. Pagot, E. Gutman, S. Mohand- Said, J. - A. Sahel
Avec l’émergence des LivingLab [1,2], des nouvelles technologies de l’information et de la communication et des plateformes d’expérimentation telles que des maisons intelligentes, des plateformes de marche, etc. [3], l’innovation devient de plus en plus omniprésente dans les projets de recherche appliquée et industrielle. Il existe une pluralité d’outils très riches pour évaluer des produits à destination d’un public ciblé, mais également pour rééduquer. Dans le cas de l’étude de la fonction visuelle ou du handicap visuel, les plateformes permettant les mises en situation des patients déficients visuels sont rares en Europe (par exemple Pamela en Angleterre, Homelab et rue artificielle en France).
Dans ce chapitre, nous commencerons par présenter l’intérêt des mises en situation via l’innovation, c’est-à-dire grâce à l’utilisation de plateformes de recherche. Nous illustrerons ensuite quelques exemples en présentant les plateformes conçues par Streetlab et l’Institut de la Vision accompagnées de leurs domaines d’application.
Afin d’étudier le handicap visuel ou la fonction visuelle, il est nécessaire de mener une démarche qui se veut « centrée utilisateur », c’est-à-dire qui place systématiquement les utilisateurs finaux au cŒur des recherches et qui débouchent sur des mises en situation. Les scientifiques, ingénieurs, etc. préparent alors des protocoles pour eux et tiennent compte de multiples critères : non-voyance, malvoyance, pathologies (déficits centraux, périphériques ou mixtes de la vision), habitudes de vie, etc. Pour rendre possible ces mises en situation, des plateformes de recherche plus ou moins sophistiquées vont être utilisées. Ces dernières vont permettre de concevoir des protocoles très affinés, scientifiques et originaux par les solutions d’innovation proposées. Surtout, elles ont l’avantage de plonger les volontaires/patients déficients visuels dans des situations entièrement reproductibles, contrôlées et sécurisées.
Les mises en situation du patient/individu déficient visuel via ces plateformes peuvent servir à de multiples niveaux. De telles plateformes peuvent être utilisées dans le domaine industriel pour concevoir et évaluer des produits et services de la vie courante avec pour objectif premier d’améliorer l’autonomie et la qualité de vie des personnes déficientes visuelles. En recherche clinique, elles ont un rôle capital car elles ont le grand avantage de plonger les volontaires/patients déficients visuels dans des conditions expérimentales reproductibles et contrôlées. L’évaluation des bénéfices thérapeutiques (par exemple implants rétiniens, médicaments) ou encore du comportement de patients déficients visuels (par exemple atteints de glaucome ou de rétinopathie pigmentaire réalisant des tâches de la vie quotidienne) pourra se faire de façon précise, objective et en toute sécurité. Si ces plateformes sont équipées d’outils de capture du mouvement, les analyses seront plus détaillées (analyse des stratégies motrices, visuelles, etc.).
La mise en situation peut aussi se faire via des outils de réalité virtuelle (par exemple casque immersif) pour sensibiliser le public bien voyant au handicap visuel, mais aussi avec des patients malvoyants pour leur présenter de nouvelles solutions (par exemple aménagement de l’habitat).
Enfin, ces plateformes peuvent servir pour la rééducation/réhabilitation de patients déficients visuels (à l’Institut de la Vision, par exemple pour des patients bénéficiant d’une rétine artificielle). Elles permettent de contrôler avec exactitude l’ensemble des paramètres de l’environnement et de les changer en fonction de l’évolution de l’apprentissage et des acquis des patients. Les exercices de rééducation peuvent ainsi être très nombreux. Mais surtout, via les outils de capture du mouvement, nous pouvons mesurer objectivement les progrès des patients et quantifier l’évolution de l’apprentissage et, ainsi, mesurer l’impact de l’implant rétinien sur la réalisation de tâches de la vie quotidienne. Bien évidemment, des exercices réalisés en situation réelle (établissements recevant du public, rue, etc.) sont aussi proposés.
Pour palier le manque d’outils de mise en situation en Europe, l’Institut de la vision avec sa filiale Streetlab ont spécialement conçu plusieurs plateformes de recherche pour traiter du handicap visuel sous plusieurs formes : un appartement laboratoire Homelab, une rue artificielle indoor et un simulateur de pathologies visuelles.
Cet appartement mesure environ 45 m2 et simule un environnement résidentiel réel (Fig. 7-4).
Il est utilisé pour évaluer des produits de la vie quotidienne avec des personnes déficientes visuelles dans l’objectif de les adapter à leurs besoins et attentes. Entièrement modulable, il est doté d’un système de domotique qui permet de commander des scénarios d’éclairage, de fermer les volets à distance, d’interagir avec la porte d’entrée, etc. Il est également adapté, grâce à ses murs contrastés et arrondis, à un système de plinthes lumineuses facilitant le guidage d’une pièce à l’autre. Son plafonnier, en plus d’être équipé de lampes halogènes, possède des spots LED associés au Li-Fi (light fidelity). Grâce à cette innovation technologique, une lumière à LED peut transmettre à distance un contenu multimédia (vidéo, son, géolocalisation, etc.). Dans le cas du Homelab, ces LED transmettent des données à une tablette, qui retransmet les informations sous forme de musique, d’adresses internet, d’annonces vocales indiquant la position de la personne dans l’appartement.
Fig. 7-4 Le Homelab.
Enfin, cet appartement est équipé de caméras dans chacune des pièces pour enregistrer l’activité des sujets lors d’un test.
La vidéo 7-1 présente en images cette plateforme.
Le Homelab a été utilisé pour plusieurs mises en situation, par exemple pour tester une application mobile qui avait pour objectif de lire, entre autres, le nom et la date de péremption de boîtes de médicaments, ou encore pour tester un robot humanoïde qui pouvait converser avec les personnes, lire le courrier ou les informations présentes sur les boîtes de conserve. Aussi, via un casque immersif de réalité virtuelle (Oculus®), de nouveaux agencements de l’appartement (couleurs, contrastes, etc.) ont été évalués par des personnes malvoyantes. Grâce au casque, plusieurs environnements étaient proposés; les sujets devaient alors se déplacer dans le Homelab et préciser quelle solution était la plus adaptée pour eux. Ce procédé a permis de simuler rapidement et de façon réaliste plusieurs solutions techniques pour ensuite faire des choix de conception et proposer des solutions adaptées aux besoins et attentes des personnes malvoyantes.
Cette plateforme (Fig. 7-5) qui s’apparente à une rue indoor mesure environ 60 m2. Elle a la particularité d’avoir des décors modulables qui peuvent être interchangeables : ajout d’un trottoir, potelets, vitrines, boîtes aux lettres, etc. Si, pour un projet, il est nécessaire d’avoir des décors uniformes, des rideaux de couleur blanche ou noire peuvent être ajoutés.
La rue artificielle est également équipée d’un système d’éclairage qui se compose de neuf panneaux LED permettant de régler le niveau d’éclairement de 0 à 1 800 lux et la température de couleur de 2 700 à 6 500 K. Nous pouvons ainsi plonger le volontaire/patient malvoyant dans des ambiances allant de la nuit totale au plein ensoleillement. Ces différents moments de la journée peuvent être paramétrés manuellement ou selon des scénarios prédéfinis (par exemple selon la position du sujet, le moment de l’expérimentation). Pour être encore plus réaliste, des enregistrements sonores simulant des bruits de rue (par exemple discussion de passants, bruits de voitures, terrasses de café) peuvent être ajoutés en fonction des études menées.
Fig. 7-5 La rue artificielle.
Pour analyser finement l’activité des volontaires/patients déficients visuels, nous utilisons des caméras classiques pour filmer chaque expérimentation, mais aussi un eye tracker pour analyser les stratégies du regard et des outils de capture du mouvement (Vicon®) (Fig. 7-6). Il s’agit de caméras infrarouges et de capteurs à positionner sur les parties du corps en vue d’une analyse (par exemple trajectoire, analyse de la marche, préhension).
Enfin, cette plateforme possède une salle de contrôle qui permet de piloter à distance tous les équipements et de traiter les données qui découlent des tests.
La vidéo 7-2 illustre la plateforme et ses objectifs.
Plus concrètement, plusieurs projets ont été réalisés dans la rue artificielle, comme l’étude des conditions d’éclairage dans le milieu professionnel pour réaliser des tâches de précision, lire des textes sur un ordinateur et se déplacer. Une même tâche était réalisée dans différentes conditions lumineuses contrôlées et les participants devaient préciser s’ils étaient dans une situation confortable ou de gêne. Dans le cadre de projets de recherche clinique, un projet est en cours sur l’étude de la locomotion et de la reconnaissance d’objets avec des patients atteints de rétinopathie pigmentaire en situation de pénombre. La vidéo 7-3 montre un sujet sous quatre prises de vue équipé d’un eye tracker et de capteurs de mouvements sur la tête et les épaules qui doit éviter des obstacles en les contournant sans les heurter et franchir une porte et revenir à son point de départ. Sont matérialisés : deux obstacles, deux portes, la direction du regard du sujet via le tracé rouge, ses mouvements de tête et d’épaules.
Fig. 7-6 Capteurs Vicon® disposés sur le corps d’un volontaire.
Fig. 7-7 Le simulateur basse vision de déficiences visuelles.
Ce simulateur permet de sensibiliser le public bien voyant au handicap visuel via des mises en situation virtuelle. En se déplaçant dans un environnement simulant la place de la Bastille à Paris, l’utilisateur pourra marcher au milieu d’autres passants, traverser la route, lire des panneaux de rue, etc. dans les conditions d’une personne ayant un déficit central ou périphérique de la vision (Fig. 7-7).
Il existe des outils de mises en situation et de traitement de données à la pointe de l’innovation; c’est par exemple le cas de ceux proposés par l’Institut de la Vision et Streetlab. Outils puissants et uniques en Europe, ils ont pour principal objectif de mener à bien des projets de recherche industrielle, fondamentale et clinique avec des mises en situation originales. Ces plateformes, qui sont le fruit d’une collaboration étroite entre médecins, chercheurs, ergonomes, ingénieurs et spécialistes de la déficience visuelle, évolueront en fonction des projets en lien avec la vision, qu’il s’agisse de handicap ou non (par exemple étude de la lumière, vieillissement physiologique). Dans un avenir proche, nous assisterons à un accroissement du nombre de ces plateformes et de leurs capacités d’accueillir d’autres outils d’analyses encore plus sophistiqués et novateurs.
[1] Almiral E Living labs and open innovations: roles and applicability The Electronical Journal for Virtual Organization and Networks 2008 ; 10 : 21-46
[2] Pallot M The living lab approach: a user centred open innovation ecosystem. Webergence Blog :2009715404.
[3] Van den Bossche A, Vella F. Une plateforme d’expérimentation pour les systèmes d’interaction destinés aux personnes en situations de handicap. 9es Journées francophones Mobilité et Ubiquité, Nancy, 2013.